mercredi 20 janvier 2010

Complexité inconsciente

Tout comme le mouvement de la simplicité volontaire prend de l'ampleur, celui de la complexité inconsciente est en vogue!! Le gros hic dans ce mouvement, c'est qu'il est inconscient, qu'il a bel et bien un impact, et que quand on est inconscient de notre impact, c'est bien difficile de limiter les dégâts...

J'explique, en ne m'attardant qu'à une seule cause de cette complication : l'investissement personnel.

Dans notre ère consumériste, il est en vogue de viser l'atteinte d'un niveau de confort personnel disons... confortable. De cette manière on utilise notre objectivité pour se déterminer, très subjectivement bien sûr, un futur revenu de retraite qui nous permettra d'acheter ce dont on pense avoir besoin.

Ainsi, plusieurs d'entre nous sont appelés à appliquer la formule commerciale de la retraite que nous enseignent les conseillers financiers : décider de combien on veut dépenser plus tard, puis acheter le portefeuille (selon ses taux) qui permettra d'atteindre les rêves qu'on associe à notre liberation de l'emploi.

Jusque là, me semble que c'est simple, non?

Ben... Non! Effectivement :
  1. L'achat de nombreux produits d'investissement est rendue possible par une mécanique d'abord complexe. La crise financière des papiers commerciaux en est une preuve suffisante.
  2. Chaque achat de titre dans des produits de fond d'investissement implique une association par la propriété à un nombre élevé de compagnies qui ont généralement un impact dans un nombre élevé de pays.

Ainsi, combien réalisent que leur portefeuille, constitué de différents titres afin d'être bien équilibré, implique un lien avec des activités parfois illicites, d'autres fois polluantes ou mettant des vies en danger, dans potentiellement des dizaines de pays?

L'investisseur responsable, lui qui s'attarde à viser avoir le moins d'impact néfaste possible, est celui qui veut, par exemple, exercer lui-même son droit de vote aux assemblée des actionnaires (car chaque compagnie cotée en bourse consulte obligatoirement ses actionnaires pour diverses décisions). Alors, il doit comprendre une panoplie de règles de gouvernance de chacune de ses corporations, de leurs divers impacts sociaux et environnementaux afin de placer un X dans les bonnes cases de ses procurations (les proxies), elles-même rédigées dans des termes incompréhensibles.

On explique souvent le développement durable par ces trois mots - environnement social gouvernance - et on le résume par les trois lettres ESG. Toutefois, quiconque s'y attarde juste un peu comprend que chacun de ces enjeux peuvent faire l'objet de plusieurs heures d'études pour atteindre ne serait-ce qu'une compréhension permettant un vote pour une seule proposition à une seule assemblée d'actionnaires!

Et comme la propriété d'actions de compagnies dans divers pays est devenue si facile via les produits financiers en vogue, et que rares sont les propriétaires de ces titres qui s'affairent à voir et même à comprendre l'impact des directions des compagnies qu'ils possèdent en partie, on vit dans un monde de complexité inconsciente.

Solution pour diminuer cette complexité : investissement social et local. Oui, on nous promet moins de pourcent, sauf qu'on choisit nos courants!

6 commentaires:

  1. Paradoxalement, passer aux actions signifierait l'adhésion au principe de l'inertie citoyenne.

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  2. L'inertie est plus du domaine des lois de la physique que de la morale... Ainsi, elle peut être une propriété du citoyen et des populations, et non un principe auquel il est possible d'adhérer... Donc, quelqu'action - et inaction - auront un effet sur l'inertie des gens...

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  3. Selon moi, le potentiel polysémique du mot inertie fait de lui un concept beaucoup plus riche que tu ne sembles le proposer. Cette notion peut même s'adjoindre la morale si cela lui plaît, comme le démontrait déjà A-J.F. Bertrand dans son exubérant essai "Du magnétisme animal en France", publié en... 1826! Il définit l'inertie morale, à la page 425, comme "une diminution de l'activité morale qui (...) empêche le sujet de se replier sur lui-même pour reconnaître l'état dans lequel il se trouve".

    Or, les problématiques que sont celles de la complexification des discours et de la virtualisation de la richesse sont à l'origine, selon moi, d'une aliénation inédite dans l'histoire: le sujet, face à ses incompréhensions que tu fais bien de mentionner, jette l'éponge, même s'il comprend pertinemment que ses choix ont des impacts négatifs sur des réalités. Pour se donner bonne conscience, il choisit de virtualiser ces réalités malgré leur irréfutabilité.

    D'où le concept d'inertie citoyenne auquel je fais référence. Celui-ci relèverait d'une adhésion triste puisque basée sur le refus volontaire de se compliquer la vie, de se "replier" en soi-même pour tenter de situer comme bons ou mauvais, dans le champ moral, les divers enjeux économiques, politiques, environnementaux ou autres auxquels il est lié par le fait même qu'il agisse socialement.

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  4. Donc, en quoi investir dans des projets sociaux et locaux, visant des impacts tangibles et dans lesquels on a le souci d'éviter les coûts externalisés, devient une adhésion à cette inertie citoyenne?

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  5. Dans mon premier commentaire, je voulais simplement jouer sur les mots. Par passer aux "actions", je faisais référence au système d'actionnariat traditionnel et non pas aux types de projets que tu proposes et que je soutiens par ailleurs.

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  6. Salut,
    j'aime bien passer sur des blogues plus ou moins vivants. Des fois que ça les ferait revivre...

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